C’était un jour de beau temps. Deux chevaliers Méléagant et Yvain étaient aussi brûlants de colère que le soleil en plein midi.
Ce jour-là, Yvain dit à Méléagant :
« Donne-moi la lance sacrée ou je te tue !
- Jamais ! » rétorqua Méléagant bien décidé à ne rien céder.
Alors Yvain mit sa lance en avant et fonça droit sur Méléagant. Le coup fut si fort que Méléagant tomba de son cheval et prit son épée en disant :
« Approche si tu es un preux chevalier ! »
Alors Yvain descendit de son cheval et, criant comme un ours, il fonça sur Méléagant. Les épées s’entrechoquèrent avec une violence inouïe. A la fin, Yvain, de rage, transperça le heaume de Méléagant ! Son sang gicla de sa cervelle, coula le long de son corps pour s’étaler par terre formant une grande flaque de sang à ses pieds. Méléagant, bien mal en point, dit à Yvain :
« Épargne-moi, je dirai au roi que ce n’est plus moi le preux chevalier mais toi, Yvain. »
Ce dernier, devant son ennemi suppliant ne put que lui accorder la grâce et Méléagant, reconnaissant, lui donna la lance sacrée.
Plus tard, quand Méléagant rentra au château, il dit au roi :
« Je ne suis plus le preux chevalier que l’on dit je n’ai pu garder la lance sacrée. Elle est désormais entre les mains du chevalier Yvain.
- Tu subiras le gibet comme un chevalier félon ! » répondit le roi furieux.
Nul ne sait si Méléagant subit le gibet mais Yvain rentra, dit-on, au château avec la lance, il fut récompensé par le roi, devint un preux chevalier et le resta jusqu'à la fin de ses jours.