La ruse du paysan
Oyez, oyez, braves gens, je vais vous conter ce qui jadis est arrivé à un riche paysan et à sa femme. Un jour où ils se rendaient au marché pour préparer les froides semaines à venir, ils furent épiés par deux voleurs en quête de subsistance.
« Non je ne suis pas de ton avis, nous sommes de vrais escrocs et non de vulgaires voleurs des rues, disait l’un.
-Oui, mais si nous faisons cela à ta manière, nous n’y arriverons pas ! objectait son compagnon.
-Mais si, nous les piégerons plus tard...»
Le bonhomme, en entendant cette dispute s’approche et leur souhaite le bonjour.
« Alors quel est le sujet de votre querelle ? dit le paysan.
-Heu, nous ...nous ... euh...
-Nous étions en train de parler de ... l’augmentation des taxes ... expliqua le larron.
-Ah, merci de m’en informer, je vais tout de suite prévenir ma femme. Elle a acheté un jambon, on va se régaler !
-Oui, on va se régaler euh... enfin vous allez vous régaler.
-Sur ce, bonne journée et que le bon Dieu vous garde !
-Alors là oui, on se reverra et bientôt en plus », murmura le voleur.
Il le dit tout bas mais le paysan, qui a l’ouïe fine, entendit tout.
« Qui étaient ces jeunes gens ? demanda la femme.
-Oh ! Deux hommes bien mystérieux… » répondit-il.
Il n’avait pas tort de se méfier.
Les deux larrons revinrent avec leur plan en tête. Le paysan entendit un bruit que le premier voleur avait fait pour l’attirer.
« Je vais voir ce qui se passe en bas,» dit le paysan à sa femme.
Pendant ce temps, le deuxième voleur monta et entra.
« Où se trouve le jambon ? j’ai faim ! chuchota le voleur.
-Tu n’es qu’un gros gourmand, il est dans le cellier, mais laisse moi dormir !» dit la femme.
Quand les voleurs entrèrent dans le cellier ils furent surpris par le paysan armé d’une pelle.
« Sortez de chez nous et ne revenez plus, j’ai tout compris en vous entendant discuter au marché ! » cria le paysan.
Les voleurs prirent la poudre d’escampette et on ne les revit plus dans la région.
À cause de la ruse du paysan, les voleurs perdirent tout, et même une belle amitié !
En guise de moralité, retenez, braves gens, que parler point trop n’en faut. Celui qui sait tenir sa langue aura toujours la panse pleine.